France-Afrique : Le mirage de la continuité diplomatique

France-Afrique : Le mirage de la continuité diplomatique

📘 Introduction pour le lecteur

Dans cette analyse incisive, le Professeur Paul Zahiri revient sur la politique étrangère de la France sous Emmanuel Macron. Malgré les discours de rupture, il constate une continuité stratégique préoccupante avec les présidences précédentes — notamment dans le traitement des pays africains et les alignements internationaux. Ce texte interroge la cohérence des choix diplomatiques français face aux mutations géopolitiques majeures : montée des puissances alternatives, rejet croissant de la France en Afrique, et chaos au Proche-Orient. Une réflexion lucide, à contre-courant des récits dominants.

📝 Texte du Professeur Paul Zahiri

À l’évidence, pour l’Exécutif français, le changement n'est pas pour si tôt, en matière de politique étrangère. Emmanuel Macron se sera bien inscrit dans la continuité de Hollande et de Sarkozy.

C’est-à-dire un alignement complet sur les États-Unis au plan international, et le statu quo en Afrique — en Afrique noire en particulier.

À lire et à écouter tout ce qui se passe, et qui se dit, au Burkina Faso, au Mali, et au Niger, la France va de Charybde en Scylla, et ses armées sont chassées de partout.

L’aventure libyenne, l’hallucinant lynchage, et la mise à mort atroce de Kadhafi n’ont donc pas rapporté grand-chose à la France. Pas plus que l’ingérence tous azimuts dans les affaires du Sahel, qui sentait déjà l’impérialisme mensonger.

Mais le chef des Armées françaises croyait peut-être, et faisait accroire, au bien-fondé d’une guerre antiterroriste et humanitaire.

Le monde est devenu totalement instable, et les institutions internationales obsolètes sont incapables de le réguler.

Dans un tel contexte, rien ne confirme que le sens de l’histoire soit forcément orienté vers la propagation planétaire des modèles occidentaux.

La désorientation et la glaciation des Printemps arabes, dont les floraisons ont vite rabougri, en étaient déjà la preuve patente.

La Russie et la Chine, qui sont montées en puissance, refusent de jouer le jeu international selon les règles fixées par les États-Unis.

C’est une donne à prendre en compte, car elle indique la vraie nécessité d’une réorganisation des relations internationales.

De quelle force militaire significative dispose donc la France, pour s’engager dans tant de guerres de plus en plus structurelles?

C’est en vain qu’on y chercherait de la cohérence.

Que veut l’État français dans l’actuelle guerre israélo-iranienne?

Y participer aux côtés d’Israël? Avec de l’hypocrisie, pour y engager l’Union Européenne, adossée sur les États-Unis?

Le néant : voilà le résultat net de la politique étrangère de la France, sous nos yeux.

Une Afrique noire francophone saturée de coups d’État et de très mauvaises nouvelles.

Mais la surdité et la cécité françaises persistent, se cristallisant dans des invectives et des rodomontades du jeune président Macron.

Dans le genre "menace existentielle", "rente mémorielle", et que sais-je encore?

 

📚 Glossaire

  • Charybde en Scylla : Expression tirée de la mythologie grecque, utilisée pour désigner un passage de mal en pis, d'une difficulté à une autre pire encore.
  • Impérialisme mensonger : Référence à une domination politique ou militaire déguisée sous des justifications morales comme la démocratie ou la lutte antiterroriste.
  • Printemps arabes : Série de soulèvements populaires dans les pays arabes dès 2010, réclamant des réformes démocratiques, souvent étouffés dans la répression ou la guerre.
  • Rente mémorielle : Terme désignant l’instrumentalisation du passé colonial ou de l'histoire pour justifier ou influer sur des postures politiques actuelles.
  • Rodomontade : Discours ou propos fanfaron, prétentieux, souvent creux.
  • Hallucinant lynchage de Kadhafi : Référence à l’intervention militaire en Libye en 2011, qui a conduit à la mort violente du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
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